mercredi 8 mars 2017

La chorégraphie routière en Outaouais...


C'est ce qu'on pourrait appeler une chorégraphie quasi-parfaite...

Acte 1. Les cinq députés libéraux de l'Outaouais (y compris la ministre Stéphanie Vallée) et le député libéral d'Argenteuil remettent au ministre des Transports (Laurent Lessard) une lettre pour que l'élargissement de notre demi-autoroute 50 soit inscrit au Plan québécois des infrastructures le plus vite possible (Le Droit, 6 février 2017)

Acte 2. Le député libéral Alexandre Iracà (circonscription de Papineau) «espère» que son collègue ministre Laurent Lessard donnera suite «rapidement» à la demande d'élargissement de l'autoroute 50... (Le Droit, 7 février 2017)

Acte 3. Les quatre députés libéraux fédéraux de l'Outaouais vont eux aussi transmettre une lettre au ministre des Transports du Québec pour appuyer l'élargissement de l'«autoroute» 50... (Le Droit, 14 février 2017). Cela fait neuf députés libéraux qui montent sans préavis au front en une semaine... on a sorti l'artillerie lourde...

Acte 4. Le Parti québécois, flairant sans doute les pirouettes libérales et voulant obtenir sa part d'applaudissements, présente une motion pour l'élargissement de la 50 à l'Assemblée nationale, motion qui est adoptée à l'unanimité (Le Droit, 16 février 2017). Tous les partis sont entrés dans la danse autoroutière...

Acte 5. Les cinq députés libéraux sont tous là, en personne, à une conférence de presse pour annoncer que dans le budget de 151 millions $ de 2017 à 2019 pour le réseau routier de l'Outaouais, on a réservé un tout petit 2,3 millions $ pour une étude en vue de l'élargissement d'un tronçon de 7 km de l'autoroute 50... (Le Droit, 8 mars 2017)

Et voilà... Tout est en place pour une chorégraphie massive, de très, très longue durée, qu'on pourra présenter avec quelques millions de dollars en période électorale (c'était sûrement prévu...) et qui nécessitera probablement des injections de centaines de millions de dollars (un milliard? plus?) au cours de la prochaine ou des prochaines décennies... Des bouts de route pour deux ou trois campagnes électorales... Minimum...

Non mais se trouvera-t-il quelqu'un pour croire que nos députés rouges ont finalement vu ce que nous avons tous vu depuis des années, et qu'ils se sont levés un bon matin, glacés par le nombre d'accidents et de morts sur la 50 à deux voies, pour décider spontanément de se rebeller et de protester auprès de leur propre gouvernement? Et qu'une semaine après, les quatre fédéraux libéraux entrent dans la ronde, «spontanément» emportés par l'argumentaire de leurs collègues «provinciaux»? Et que par miracle, quelques semaines plus tard, le ministre québécois des Transports, convaincu et contrit, met quelques millions dans la cagnotte?

J'ai couvert comme reporter, en avril 1970, la première conférence de presse concernant le projet d'une autoroute 50. C'était à l'époque du gouvernement de l'Union nationale! Il a fallu plus de 40 ans pour obtenir ce qu'on a obtenu, le genre de «mieux que rien» qu'on réserve aux régions acquises (et susceptibles aux tactiques de peur) comme l'Outaouais. Et là on va nous faire croire, avec deux ou trois coups d'éclat ministériels, que tout ce qu'on incomplété en quatre décennies sera rafistolé dans un pas de deux fédéral-provincial? Awignahan!

Peut-être faut-il trouver un indice dans le communiqué émis ce 7 mars par le ministre des Transports, Laurent Lessard, et dans lequel il distribue généreusement les citations médiatiques (prononcées ou pas?) à la députation libérale outaouaise... Dans la liste de faits saillants et de travaux, seul élément concret du communiqué, il n'y a aucune référence à l'autoroute 50 ou à son éventuel, très éventuel élargissement à quatre voies... On en parle seulement dans la «citation» du député Alexandre Iracà, qui semble être une réaction à une quelconque déclaration d'un supérieur gouvernemental dont on ne connaît pas la teneur en lisant le communiqué de presse...

En passant, M. Lessard, laissant cette fois la parole au ministre responsable de l'Abitibi-témiscamingue et au député local Guy Bourgeois, a aussi annoncé le budget des travaux routiers pour le nord-ouest québécois, qui reçoit près de 200 millions $ pour une population de 146 000, contre seulement 151 millions $ en Outaouais avec une population totale de 374 000... Juste comme ça, en passant... Le député abitibien peut se péter les bretelles...

De toute façon, comme d'habitude, Québec n'a aucune vision de développement des routes outaouaises et de celles de l'Abitibi-Témiscamingue... On continue de réparer des bouts de chemin (on appelle ça des investissements...) pendant qu'on laisse les routes de ces deux régions finir en accès à l'Ontario au bout de la 50, à l'extinction de la 148 dans le Pontiac (sur l'Île-aux-Allumettes) et à l'extrémité sud de la 101 à Témiscaming... Quand verra-t-on un gouvernement proposer - enfin - un lien routier entre l'Outaouais et le Témiscamingue?

Les possibilités économiques offertes par un tel projet seraient multiples, et ce lien proposé depuis près d'un siècle permettrait enfin au Pontiac de se sentir accroché au Québec, au lieu d'être un appendice quasi-ontarien où les francophones se font royalement assimiler depuis plus de 100 ans... Mais c'est trop espérer...











1 commentaire:

  1. Je vous suggère « Les Sacrifiés de la bonne entente » qui raconte l'histoire des francophones du Pontiac Québécois, où l'anglicisation a fait des ravages, grâce aux services de leurs évêques anglais de Pembroke en Ontario.
    http://www.imperatif-francais.org/?s=Les+Sacrifi%C3%A9s+de+la+bonne+entente+
    http://www.imperatif-francais.org/bienvenu/articles/2002/les-sacrifies-de-la-bonne-entente.html

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