mercredi 2 mai 2018

«nous n'aurons été qu'une page blanche de l'histoire»...


Au moment où
le Parti Québécois et Québec Solidaire mènent une lutte fratricide;
le Bloc québécois se désagrège sous les yeux de tous, sur la place publique;
les injures répandent une odeur de putréfaction dans les médias sociaux;
les dénonciations assourdissent les loyautés;
notre langue s'effrite dans la métropole où aurait dû battre le coeur de notre pays;
le décrochage scolaire et l'analphabétisme rongent nos élans culturels;
les rapaces de toujours rôdent autour d'une nation gangrenée, anxieux de nous achever,

je n'ai en tête que ce fragment de poème prophétique de Paul Chamberland, publié en 1964 aux Éditions Parti Pris...

«À ceux qui t'accuseront d'emboucher les trompettes patriotiques tu répondras qu'un pays de mauvais aloi est ton mal et ta mort

est-ce ma faute à moi si je souffre d'une terre à naître 
d'une terre occupée
d'un mal qui est le bien des autres
d'une mort qui nourrit la vie des autres

oui je sais     les vraies blessures ont la noble démesure d'un vin malheureux   elles sont belles elles émeuvent et nos blessures sont grises muettes  elles sonnent faux

est-ce ma faute à moi si nous mourons de vivre à demi et si notre malheur est la demi-vérité de notre confort

nous n'aurons même pas l'épitaphe des décapités des morts de faim des massacrés nous n'aurons été qu'une page blanche de l'histoire

même chanter notre malheur est faux   d'où lui tirer un nom une musique

qui entendra nos pas étouffés dans l'ornière américaine où nous précède et déjà nous efface la mort terrible et bariolée des peaux-rouges

en la ruelle Saint-Christophe s'achève un peuple jamais né une histoire à dormir debout un conte qui finit par le début

il était une fois... et nous n'aurons su dire que le balbutiement gêné d'un malheureux qui ne sait nommer son mal

et qui s'en va comme un mauvais plaisant honteux de sa souffrance comme d'un mensonge»...


Demain, peut-être, ça ira mieux... Je demeure un espérant... Mais, en attendant...




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